Les Contes populaires russes d’Afanassiev - Tome II

Introduction

L’introduction générale concernant la vie et l’œuvre d’Afanassiev ainsi que la composition de chaque tome ont été fournies dans le premier tome de cette nouvelle édition en français des Contes populaires russes d’Afanassiev. Aussi nous bornerons-nous ici à donner une aperçu des contes du deuxième tome.
Le deuxième tome contient le gros contingent des contes merveilleux. Il leur est entièrement consacré. Les analyses de Vladimir Propp, telles qu’il les a fournies dans Morphologie du conte (Leningrad 1929) et Les Racines historiques du conte merveilleux (Leningrad 1946) restent donc pleinement en vigueur.
Cette nouvelle édition, revue et augmentée, permet de faire ressortir la richesse de la collection et le foisonnement des variantes.
Ainsi le conte sur la fuite magique (AT 313), qui figure sous six variantes dans l’édition complète russe, est ici représenté en traduction française par cinq d’entre elles ( Le Tsar de l’onde et Vassilissa la Magique ). Certains sujets de contes figurent dans tous les recueils de contes à l’échelle internationale ( Le Miroir magique AT 709) ; d’autres sont particulièrement développés en terrain russe ( les Pommes de jeunesse AT551 ; Va Je ne sais où...AT465). Certaines variantes de contes sont remarquablement anciennes : quelques-unes étaient déjà présentes dans le Somadeva , d’autres se trouvaient avec la même contamination de La Guerre des animaux dans la légende babylonienne d’Etana (AT 222 B et AT 313). Signalons aussi les contes sur la preuse guerrière dans Le Cul-de-jatte et l’Aveugle (AT 519), contes que tous les spécialistes s’accordent pour rapprocher du chant de Niebelungen, sans que les détails de cette ressemblance soient exactement connus ; ou encore les contes sur Kachtchéï l’Immortel que l’on retrouve dans le conte breton sous la forme du Corps sans âme (AT 302). Des rapprochements ont aussi été établis avec les Mille et Une nuits, etc.
C’est dire l’ancienneté et l’immense valeur de ces contes sur le plan comparatif. Notes et Index en fin de volume rappellent le travail fait non seulement par Afanassiev, mais par l’ensemble des folkloristes russes pour établir ces rapprochements et pour intégrer ces contes dans l’Index international des comptes (les travaux d’Andréïév, de Propp, de Barag et Novikov sont à citer ; ils supposaient, dans une tradition initiée par Afanassiev, la connaissance de nombreuses langues, mais aussi celles des bons Index de contes les ayant précédés).
Un lot important de contes du deuxième tome provient de la collection de Dal, qui la remit à Afanassiev. Ces contes sont souvent plus longs que la moyenne et sont parfois le résultat de l’assemblage de plusieurs sujets de contes. Mais l’origine de la collecte est rarement fournie et le manuscrit n’a pas toujours été conservé. Les arrangements, s’il y en a et il n’est guère possible de le vérifier, sont donc plus vraisemblablement le fait de Dal que celui d’Afanassiev.