Les Contes populaires russes d’Afanassiev - Tome II

Conte 119. La Belle des Belles

Il était une fois, en un lointain royaume, un tsar et une tsarine. Un fils naquit, Ivan-tsarévitch. Voilà ses nounous qui le bercent, qui veulent l’endormir, peine perdue ! Elles appellent son père : « Sire, puissant tsar, viens bercer ton fils ! » Le tsar berce son fils : « Dors, mon petit, dors, mon chéri ! Quand tu seras grand, je te marierai à la Belle des Belles, fille de ses trois mamans, petite-fille de ses trois mémés, sœur de ses neuf frérots ! » Le tsarévitch dort trois jours, se réveille : il ne braille plus, il hurle. Ses nounous le prennent dans leurs bras, veulent l’apaiser, en vain ! De guerre lasse, elles appellent son père : « Viens, puissant tsar, il n’y a que toi pour dorlotter ton fils ! » Le tsar berce son fils, il chante : « Dors, mon petit, dors, mon chéri ! Quand tu seras grand, je te marierai à la Belle des Belles, fille de ses trois mamans, petite-fille de ses trois mémés, sœur de ses neuf frérots ! » Le tsarévitch dormit à nouveau trois jours, se réveilla et dit :
« Bénis-moi, père, je pars me marier. – Que se passe-t-il, petit, où cours-tu, tu n’as que neuf jours ! – Donne-moi ta bénédiction, sinon tant pis, je m’en passe ! – S’il en est ainsi, va. Que la fortune te sourie ! »