Publiés de 1855 à 1863, les Contes populaires russes d’Afanassiev occupent une place clé dans l’histoire de la folkloristique russe. Première édition scientifique de contes, elle a donné, en effet, une impulsion importante au développement de la science des contes en Russie.
De quoi disposait le public lettré russe dans ce domaine avant Afanassiev ? Dans la deuxième moitié du XVIII è siècle, la mode était à la fabrication de contes dits littéraires. L’action y était souvent ramenée aux temps anciens de la principauté de Kiev (soit aux X è et XI è siècles), les héros y portaient des noms slavorusses imaginaires (comme le tsarévitch Velours …). Et même si l’on y rencontrait parfois des motifs caractéristiques de la tradition internationale du conte, ces textes, par leur style et leur composition, étaient plus proches des romans chevaleresques occidentaux que de la tradition orale russe. On imitait l’Arioste, Boïardo, Le Tasse, et autres. Tels sont les « contes » appartenant au recueil de Tchoulkov (L’Amuseur ou les Contes slaves, Saint-Pétersbourg, 1766-1768) et de Lévchine (Contes russes, contenant des récits anciens sur des preux célèbres Moscou 1780-1783). Ces textes n’ont rien à voir avec le conte populaire russe authentique …