Les Contes populaires russes d’Afanassiev - Tome III

Conte 286 : FOMA BÉRÉNIKOV

En un certain État, en un certain royaume, vivait le paysan Foma Bérénikov, si fort et si vigoureux qu’au moindre moineau le frôlant, il était déjà à terre ! La vie ne lui était pas facile, personne ne le craignait, et il pensa : « Je vais me noyer de chagrin ! » Il arrive au marais : à sa vue, les grenouilles sautent dans l’eau. « Un moment, pense Foma, à quoi bon se noyer, j’ai trouvé plus peureux que moi ! » Il rentra à la maison, voulut aller labourer. Mais il n’avait qu’une méchante rosse, éreintée de fatigue. Le collier avait tellement frotté le cou de la pauvre bête qu’elle en saignait. Un nuage de taons et de mouches l’entourait. Foma approcha et, d’un coup de sa paume, il en étendit une bonne centaine. Alors, il se dit : « Mais moi aussi, je suis un preux guerrier ! À bas le labour, je veux guerroyer ! » Les voisins de railler : « Guerroyer, toi, pauvre benêt ! Va donc donner la pâtée aux cochons ! »

Mais il ne s’agissait plus de cela, Foma se déclara preux guerrier, prit marteau et coutelas, revêtit un vieil habit et un haut bonnet de feutre, monta à cheval et s’en fut par la plaine à l’allure hésitante de sa rosse. Une fois dans la vaste plaine, il enfonça dans la terre un pieu sur lequel il écrivit ces mots : « Je pars guerroyer en pays étranger ; d’un seul coup d’un seul, j’en abats plus de cent ! »…