La fête des femmes, la célébration de la maternité
La fête des femmes, la célébration de la maternité : « L’ethnographe Gaguen Torn a observé en mai 1926 la fête suivante, dite fête des femmes, dans un village de la région de Péterhof, à cinquante kilomètres de Saint Pétersbourg (Gaguen-Torn, 1930, p. 69-70). Il s’agit d’un village habité par des Ijores, population finno-ougrienne autochtone. La fête est organisée dans la maison d’une veuve. Aucun homme, jeune fille ou enfant ne peuvent y assister. Autrefois, on mettait même des rideaux opaques aux fenêtres pour que personne ne puisse jeter un coup d’oeil à l’intérieur. ‘Une quarantaine de femmes se réunissent. La nourriture a été apportée par l’ensemble des participantes et préparée à l’avance : chaque participante a apporté obligatoirement trois oeufs, et on confectionne une omelette géante ; comme boisson, on sert du thé et de la bière. Toutes doivent s’enivrer, même celles qui d’habitude s’abstiennent de boisson. Un seul homme est accepté pendant le festin, c’est le berger communal, qui verse à boire aux femmes et joue du cor ou du pipeau pour accompagner les danses. Les femmes s’installent à deux tables : tandis que l’on mange à l’une, on chante à l’autre, et vice versa. La meneuse de la fête est la sage-femme Malania, en robe bleu clair, qui tourne et vire comme une grosse boule rayonnante. Elle est en cheveux, comme la plupart des participantes qui, en temps normal, portent coiffe ou foulard.
On accueille en grande pompe les jeunes mariées (qui sont donc là pour la première fois), on les célèbre par une chanson et on les porte en triomphe. On agit de même avec les mères et grand-mères de fraîche date. Puis, repoussant les tables et fermant les volets, on se met à danser. Toutes, agitant jupes et foulards, échevelées, bondissent, s’accroupissent, chantent à tue-tête sur un rythme endiablé, jusqu’à épuisement. Ceci dure deux heures. Puis quelqu’une propose de sortir toutes ensemble dans la rue et, se prenant par les mains, en longue chaîne à demi ivre, elles se déversent au dehors, hurlant des chansons. Les festivités durent jusqu’à minuit et reprennent, mais sur un tempo moins fort, le lendemain’ ».