Les chansons historiques
Les chansons historiques, ce sont des œuvres en vers, narratives et quelquefois lyriques, qui peuvent être datées de la fin du joug tatare à la fin du XIX è siècle, et qui mettent en scène quelques grandes figures de l’histoire russe…
La poétique de la chanson historique est beaucoup plus concrète que celle du chant épique. Le récit va droit au but, il est laconique, sans répétitions, sans emphase, sans généralisation excessive des personnages. Ceux-ci ne sont ni des héros épiques ni même des héros types. Ils sont ancrés dans une réalité historique donnée. Leurs contradictions ne sont pas éludées, elles peuvent avoir des motivations psychologiques, mais être aussi sous-tendues d’un jugement politique.
Chansons sur Stenka Razine
Ce sont les plus célèbres des chansons historiques. Ce sont les chansons de la colère populaire. De 1670 à 1677 une sanglante révolte éclata sur le Don et sur la Volga. Elle était dirigée par Stenka Razine. Marche de l’Empire russe, la Russie du Sud, région de steppes, était à cette époque une sorte de no man’s land où se réfugiaient les paysans refusant l’asservissement à la terre. Semi-soldats semi-bandits, ce sont des aventuriers qui tiennent avant tout à leur « liberté » et vivent plus de rapine que d’agriculture. L’apparition de personnages comme Stenka Razine met le feu aux poudres. Atamane sans peur sinon sans reproches, Razine dirige d’abord l’ardeur des cosaques contre la Perse, puis contre Astrakhane et la Russie. Tels les Vikings, les insurgés se déplacent en barque sur les cours d’eau et ils attaquent les forteresses sur leur passage. Ce qui distingue Razine d’un pirate ordinaire, c’est qu’il s’attaque aux riches (boïars, voïévodes ou gouverneurs des villes, etc.) et s’appuie sur les « gueux ».
« Frères, amis, gueux des tripots, / Allons, amis, remontons l’onde bleue. / Nous casserons, amis, les bateaux musulmans, / Nous prendrons, amis, tous les trésors dedans, / Nous irons, amis, à Moscou la fortifiée, / Acheter force pourpoints chamarrés / Et seulement alors nous en retournerons ! » (Tchoulkov).
Testament dit de Stenka Razine :
« Enterrez-moi, amis, à la croisée des trois chemins : / Celui de Moscou, celui d’Astrakhane, celui de Kiev la Glorieuse. / A mes pieds, plantez mon sabre affilé, / A mon chevet, dressez le saint crucifix. / Quiconque passe devant, à pied ou à cheval, qu’il s’arrête, / Que devant le crucifix, il s’incline pour prier, / Que devant le sabre il soit pris de crainte, / Car ci-gît Stenka Razine, fils de Timothée, / Bandit, vaillant gaillard, et plein d’audace ! »
(Chansons des cosaques d’Orenbourg).