Les ballades
La ballade russe est une chanson narrative de dimension moyenne. Elle est de facture et de dimension assez proche de la chanson historique.
Sa caractéristique essentielle est dans le sujet abordé : la ballade traite de rapports entre individus, généralement dans le cadre d’une famille. Les mobiles sont psychologiques (choix d’un objet d’amour, jalousie, infidélité, etc.). Le conflit est grave et l’issue presque toujours tragique. La crise est menée à son paroxysme avec fin sanglante… Le héros est un héros victime, souvent une héroïne victime, périssant malgré son bon droit, et c’est là que se situe le drame…
Le bel alisier.
On était jour de dimanche, / La belle-mère se rendit à la messe / Et envoya sa bru dans la vaste plaine : / « Vas-y et tourne-toi en un bel alisier, / Et que tes enfants petits forment les branches ! » / Vint l’heure où le mari rentrait de son travail, / Il arrive à la maison et se met à questionner : / « J’ai beau avoir maintes fois voyagé, / Jamais je n’ai vu une merveille / Semblable à ce tant bel alisier, / Ses feuilles tremblent même sans brise / Et il s’incline vers la terre mère humide ! / - Ô toi, mon fils, mon fils chéri ! / Prends ton sabre aiguisé, / Et abats ce tant bel alisier ! » / Au premier coup, l’alisier tressaillit, / Au deuxième coup, le sang rejaillit, / Au troisième coup, on entendit ces mots : / « Ce n’est pas un alisier que tu abats, c’est ta jeune épouse, / Et ses branches sont tes enfants encore petits ! » / Le mari rentre à la maison et questionne : / « Où donc est ma jeune épouse ? / - Ta jeune épouse est allée se promener. / - Et où sont mes enfants encore petits ? / - Elle les a pris avec elle. / - Ce n’est pas une mère que tu es pour moi, / C’est un rapace, un rapace cruel, / C’est une vipère, une vipère féroce ! » (Œuvres de Yakouchkine).