Nous désirons trouver, examiner les racines historiques des contes merveilleux. Ce que nous entendons par « racines historiques », nous le dirons plus loin. Il nous faut tout d’abord préciser le terme de « conte merveilleux ». Le conte est si riche et si varié, qu’étudier le phénomène qu’il représente dans son ensemble et dans tous les pays, n’est pas possible. Pour cette raison, le matériel doit être réduit, et je le réduis aux contes merveilleux. Cela signifie que je pars de l’idée suivante : il existe des contes que l’on peut appeler merveilleux. Effectivement, je pars de cette idée. Par contes merveilleux, j’entends les contes dont j’ai étudie la structure dans mon livre : Morphologie du conte [
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Dans ce livre, le genre du conte merveilleux est clairement mis en évidence. Nous étudierons ici le genre de contes qui commencent par un dommage ou un tort causé a quelqu’un (enlèvement, exil) ou par le désir de posséder quelque chose (le tsar envoie son fils chercher l’oiseau de feu), et dont le développement est le suivant : départ du héros de la maison, rencontre avec le donateur qui lui donne un moyen magique ou un aide magique qui permettront de trouver l’objet cherche. Puis viennent : le duel avec l’adversaire (la forme la plus importante en étant le combat avec le dragon), le retour et la poursuite. Souvent, cette composition devient plus complexe. Alors que le héros approche de la maison, ses frères le jettent dans un précipice. Mais il réussit a revenir, il accomplit avec succès les taches difficiles, devient roi et se marie, soit dans son royaume, soit dans celui de son beau-père. Ceci est un exposé schématique et succinct de l’axe de composition des contes les plus nombreux et les plus varies. Les contes qui relèvent d’une telle composition sont appelés merveilleux, et ce sont eux qui font l’objet de notre étude .
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[1] V. PROPP, "La Morphologie du conte", Questions de poétique,t. XII, Léningrad, 1928 (V.Propp, Morfologija skazki", Voprosy Poetiki, vyp. XII, L., 1928.)